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Solidarité dans le travail


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Bienveillance et fermeté ; ouverture d’esprit et obéissance aux règles ; bien-être au travail et effort … sont souvent associés en éducation et en entreprise. Des mots utilisés au quotidien pour donner les règles de bonne conduite au sein d’une équipe et qui peuvent devenir des injonctions contradictoires si la tâche à accomplir n’est pas clarifiée pour chacun.


Barbier (2011) évoque la transaction de reconnaissance comme des activités à travers lesquelles des valeurs sont partagées afin de conduire une activité. En cas de manipulation, ces valeurs deviennent des outils de domination car elles sont effectivement partagées mais pour accomplir des objectifs différents.


C’est ainsi que la solidarité est invoquée pour favoriser l’esprit d’équipe : les règles et injonctions ne doivent pas être questionnées, encore moins discutées car un accord de principe est sous-entendu, qui implique une relation de subordination à une figure d’autorité qui est infériorisation et soumission sans condition. Clot (2010) cite en illustration les enseignants comme étant « désormais les salariés les plus atteints dans leur santé » et pointe le rôle de plus en plus pesant des hiérarchies qui transforment les lieux de travail « en véritables lieux de management aux pouvoirs étendus ».


Une approche psychologique et éthique, selon Mazen (2023), peut préserver l’individu d’un « risque de protocolisation excessive de la vie professionnelle », celle-là même qui favorise l’entre-soi. Cet entre-soi ou crispation sur un environnement trop strictement normé est une régression qui empêche l’épanouissement personnel et la créativité. A terme, la structure même est fragilisée : le travail perd son sens en même temps que les travailleurs sont dépouillés de la richesse de leurs différences et condamnés à « la qualité empêchée » définie par Clot.


La différence intrigue, inquiète, dérange, menace même. L’esprit de meute est souvent interprété comme le synonyme de la solidarité, effaçant les différences, les goûts et les envies, dans un esprit de domination qui ne dit pas son nom. Or la créativité prend naissance dans l’originalité qui fait de chacun un être unique. Peut-on demander de quelqu’un qu’il range sa personnalité au vestiaire lorsqu’il travaille, pour la retrouver après ? Ceux qui s’essayent à cet exercice payent cher le prix d’un tel effacement de soi qui est non-respect de soi.


« Venez comme vous êtes », un slogan qui, bien compris, redonne à chacun son espace. Retrouver le plaisir d’effectuer un travail de qualité dans un but commun et viser à l’accomplissement de soi : deux combinaisons gagnantes et compatibles. Je me souviens de cet ingénieur « senior » qui racontait avec émotion qu’autrefois, dans les ateliers sales et malgré la pénibilité de leur travail, les ouvrières de son usine chantaient toute la journée.

 

 
 
 

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