Le travail nous définit-il ?
- patriciachirot
- il y a 7 jours
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L’orientation professionnelle est proposée dès l’adolescence. Plus tard, lors d’interactions sociales, une des premières questions posées est : « Vous faites quoi dans la vie ? »
Le travail nous offre l’occasion d’entrer en relation avec d’autres.
Il nous permet de contribuer à un effort commun dans une structure.
Il nous met à l’épreuve : saurons-nous transformer la tâche en activité ?
Il nous défie et nous transforme.
En même temps que nous nous transformons, nous transformons aussi la structure.
Il nous défie, nous entraîne à l’effort, au dépassement de ce que nous pensions être nos limites.
Il nous rend parfois fiers de notre réussite.
Telle est la spécificité française, a écrit Yves Clot.
Nous avons fait du travail une valeur.
Aussi, lorsque le travail nous quitte, lorsque nous sommes dévalorisés et harcelés, lorsque nous n’en percevons plus le sens, que nous reste-t-il ? Que pouvons-nous présenter au monde ? Qui sommes-nous ?
Seule la dernière question importe, suivie de celles-ci : que redevenons-nous ? A quoi pouvons-nous accéder de nouveau de nous-mêmes ? Qui sommes-nous dans la vie, plutôt que dans la structure ?
Car le travail nous offre un cadre, mais le cadre n’est pas l’œuvre. L’œuvre, c’est nous-mêmes, beaucoup plus grands que le cadre. Nous sortons du cadre, parfois volontairement, parfois contraints. Et peut-être que ceux qui subissent le harcèlement étaient ceux qui déjà, débordaient du cadre.
Parfois, un simple retour à une question qui tente de nous définir peut ouvrir une nouvelle voie. Celle de partir à la recherche de qui nous sommes, au-delà du diplôme, au-delà de la fonction, au-delà de ceux qui nous enferment dans une définition, et surtout au-delà de notre croyance en cette définition.
La souffrance, bien sûr, doit être prise en compte, jamais minimisée. La personne souffrante doit être protégée, accompagnée, afin qu’elle puisse quitter l’image de soi pour autrui et revenir à son image de soi pour soi. Canguilhem écrit : « Je me porte bien dans la mesure où je me sens capable de porter la responsabilité de mes actes, de porter des choses à l’existence et de créer entre les choses des rapports qui ne leur viendraient pas sans moi ».
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